La Moustache
Tout le monde en parle : le centre Pompidou organise une exposition posthume sur l’immense Dalí, plus de trente ans après la rétrospective qui lui avait été consacrée de son vivant.
Commençons par un point pratique : il est fortement conseillé d’investir dans le laisser-passer du musée avant la visite. En effet, une carte illimitée à 19€ l’année pour les étudiants quand l’entrée revient à 10€, qui en plus permet d’échapper aux queues à l’entrée des expositions, c’est un peu le Graal du tartineur. Pourquoi le préciser ? Parce qu’il ne faut pas se fier à l’espace billetterie vide, la file de visiteurs trépignant vous attend à l’étage ; alors autant éviter de passer une heure à admirer la nuque de votre voisin de devant (parole de JBMT, c’était long).
La première œuvre, par Philippe Halsman, donne le ton de l’ensemble : dans une petite grotte est projetée une photo de Salvador en position fœtale dans un œuf, sur fond de pulsation sourde et sombre (Mémoire prénatale, 1941). Vous pénétrez dans un véritable organisme possédant son propre fonctionnement, bienvenue chez Dalí.

Mémoire prénatale, Philippe Halsman
On ne vient pas forcément pour les chefs-d’œuvre, et c’est là la force de l’exposition : chacun y trouve son compte. Un nombre incroyable de créations a été réuni, des premières années de recherche du peintre à ses tableaux figuratifs très élaborés. Entre ces deux étapes, on trouvera des lithographies épurées, des vidéos de happening, des interviews, des sculptures et objets divers, des illustrations… On se demande même comment l’artiste a pu être si prolifique tout en produisant des œuvres aussi abouties techniquement (travail sur l’illusion d’optique, le raccourci…).
Ainsi, tout le monde devrait trouver un nouvel aspect de l’œuvre de Dalí à découvrir (jusqu’à « Hitler se masturbant », tout de même). Pour tout vous dire, nous avons eu un gros coup de cœur pour le petit et très intriguant La Charrette fantôme (1933).
Deux petites remarques concernant la scénographie : L’Angelus de Millet est placé assez loin des œuvres qui lui sont rapportées, ce qui ne facilite pas la comparaison, et la courte vidéo tournant en boucle dans la grande salle devient rapidement entêtante : vous allez vous souvenir très vite des verres de peppermint, de la cristallisation et des mouches mortes.
Les textes sont clairs et suivent un discours assez poussé tout en restant simple. On regrette toutefois le manque d’informations concernant la symbolique de l’artiste. Bien sûr on ne s’attend pas à un cours d’histoire de l’art en venant au musée, mais l’explication de motifs récurrents (fourmis, tiroirs, éléphants…) serait la bienvenue.
On salue l’initiative d’ouvrir le musée en nocturne jusqu’à 23h tous les soirs de la semaine. Ne faites pas comme nous, prévoyez largement trois heures pour pouvoir vous plonger véritablement dans le monde d’Avida Dollars (selon André Breton) et pourquoi pas vous attarder devant les vidéos qui durent jusqu’à cinquante minutes. On est subjugués par son univers, son mysticisme mêlé de provocation.
En résumé, une très belle exposition qui donne envie de se pencher toujours plus sur la personnalité alambiquée du maître à la moustache.
Louise
Dalí au Centre Pompidou
Du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013
Tous les jours de 11h00 à 23h00 sauf le mardi et les 10, 12 et 17 décembre.