Take a walk on the wild side
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Take This Waltz, film de la jeune réalisatrice Sarah Polley, n’a toujours pas été projeté dans les salles françaises bien qu’il soit sorti en 2011 aux Etats-Unis. Vous pouvez tout de même le trouver assez facilement (les joies d’internet) ; il s’agit d’une (énième) comédie dramatique relatant le destin d’une femme mariée et vertueuse bouleversé par l’arrivée inopinée d’un beau jeune homme dans sa vie. Oui, j’étais moi aussi assez peu séduite par le synopsis. Mais il nous attire déjà plus lorsque l’on s’attarde sur la personnalité de la protagoniste : mariée peut-être un peu trop tôt, encore insouciante, elle se penche sur cette sensation de vide inhérente à la vie, cet abîme « qui nous rend fou si l’on cherche à le remplir ».
Alors en quoi ce film est-il différent, du moins intéressant ? La première réponse qui me vient à l’esprit est assez simple : les acteurs. Michelle Williams (My week with Marilyn, Blue Valentine) nous bluffe, parfaite dans le rôle de Margot – épouse perdue, tentant de faire bonne figure devant son mari et de résister aux avances du brun ténébreux qui lui fait office de voisin. La maladresse, la simplicité et la puérilité de Daniel, son compagnon (Seth Rogen) transparaissent véritablement sous ce visage rondouillard et souriant, désarmant de simplicité. On saluera également la performance de Sarah Silverman, très juste dans son rôle de jeune mère alcoolique mais clairvoyante.
Une autre raison pour laquelle ce film mérite d’être vu réside dans la façon dont le sujet est traité. Bien que l’on retrouve les grands poncifs du genre (le couple usé par le quotidien, la femme écrivain et l’amant artiste…), Sarah Polley ne nous livre pas une version romanesque et idéale de l’amour, mais plutôt réaliste voire grinçante. Elle donne une leçon de vie à son personnage. Je n’en dis pas plus, sous peine de vous en dévoiler plus qu’il n’en faut.
Enfin, dernière raison : la qualité esthétique et musicale du film. Une photographie doucement colorée qui rappelle les productions de Sofia Coppola (opinion tout à fait personnelle), une BO recherchée et adaptée bien que relativement réduite.
Certaines scènes se font longues, mais on devine cet effet volontaire : il nous permet de partager le ressenti des personnages, la vie peu palpitante d’un couple sans véritable occupation dans un beau pavillon de banlieue. A l’inverse, certains passages s’avèrent inutiles voire choquant (mais non je ne suis pas prude).
Ainsi donc, une belle expérience tant sur le fond que sur la forme, avec ses défauts, qui nous amène à réfléchir sur la vie et ses déceptions (rien que ça).
Louise