Venus Attack
Le Festival « Les Femmes s’en Mêlent« , uniquement centré sur la gent féminine, propose cette année une programmation éclectique, fraîche et jouissive, qui enchantera les soirées de province et de la capitale entre le 19 et le 29 mars à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme.
De la prestation à l’Institut Suédois de la splendide Molly Nilsson les 19 et 20 mars à la soirée assurément orgiaque qui aura lieu à la Machine du Moulin Rouge le 29 mars (avec entre autres les survoltées Go Chic et Skip&Die), en passant par la journée de soutien aux Pussy Riot organisée au Point Ephémère (20 mars), Les Femmes s’en Mêlent nous offrent un choix alléchant de genres musicaux variés.
A travers un panel d’artistes extrêmement divers, ce festival permet de mettre en valeur les talents furieusement rafraîchissants qu’a à nous offrir une scène internationale féminine aussi pêchue que douée.
Molly Nilsson en live, ça donnait quoi?
Quand on demande à Molly Nilsson ce qu’elle préfère par-dessus tout, elle répond qu’elle voudrait rester enfermée jour et nuit dans sa chambre à écrire des chansons ; en l’occurrence, cela implique que la scène n’a jamais vraiment été sa motivation principale pour faire de la musique, elle-même le dit explicitement. Et il faut avouer que ça se sent un peu. On peut être un peu dérouté lorsqu’on voit arriver sur scène ce petit personnage, légèrement en décalage, tant au niveau de la coupe de cheveux que de l’air un peu indifférent, presque blasé, ou quand elle enclenche un enregistrement instrumental bardé de synthés et de boîte à rythmes pour onduler distraitement sur la mélodie dans sa longue robe de velours noir, comme si de rien n’était.
Cette apparente désinvolture pourrait rendre la représentation insupportable, surtout dans une salle avec un effectif aussi réduit que dans celle mise à disposition par l’Institut Suédois pour le festival les Femmes s’en mêlent. Heureusement, la musique de Molly Nilsson, un revival de coldwave dont les racines pop eighties assumées subliment la subtile mélancolie, est là pour faire le lien. Grâce à des morceaux efficaces, desquels émanent un étrange mélange de nostalgie et d’optimisme serein, elle nous intègre petit à petit dans sa drôle de démarche. Son attitude n’est qu’une extension de la nature ovni-esque de sa musique, qui peut apparaître froide et détachée, mais qui en réalité ne fait qu’instrumentaliser l’aspect métallique de ces sonorités vintage pour créer cette bizarre impression de tristesse intime et rassurante. Et on se surprend à se lover dans les vibrations graves de sa voix, à dodeliner de la tête au rythme de ses hanches, ou à se laisser hypnotiser par la blancheur immaculée de sa coupe quasi cosmique.
Molly Nilsson n’est peut-être pas passionnée par la scène, mais elle a la chance de posséder le charisme et l’univers nécessaires pour nous embarquer malgré tout dans son délire délicieux. Et au final, on ne demande pas mieux.
Ariane