Kadebostany x JBMT

L’Europe s’est agrandie récemment avec l’arrivée d’un nouveau pays, la Kadebostany. Cet Etat imaginaire, situé en territoire transylvanien, diffuse sa culture musicale au travers d’un groupe éponyme mené par le Président de la République (Kadebostan) et sa ministre de la Culture (Amina). Si nous les attendons avec impatience au prochain concours de l’Eurovision, nous pouvons dès lors nous consoler en visionnant une énième fois le superbe clip de Walking with a Ghost et compter les jours avant la sortie de leur nouvel album, « Pop Collection ».

Bonjour Kadebostany,

Commençons avec les questions traditionnelles : vous mélangez les genres, musicaux comme artistiques ; cela relève-t-il d’une démarche volontaire ou plutôt inconsciente ?

Kadebostan : C’est complètement inconscient. On écoute plein de musiques différentes, et on est intéressés aussi bien par la danse que l’art contemporain ou le graphisme. C’est donc une démarche complètement sincère, et l’on n’a pas forcément conscience de mélanger telle et telle chose, même dans le choix des artistes avec lesquels on collabore ; le morceau devient la somme artistique de chacun.

Vous êtes normalement accompagnés de trois musiciens. N’est-il pas trop difficile de conjuguer les envies de chacun ? Comment se déroule votre processus de création ?

: Les deux personnes qui sont à la base de ce projet sont Amina et moi. Moi je m’occupe de tout ce qui est musique et composition tandis qu’Amina se charge des textes. C’est la base de ce groupe, et l’on travaille ensuite avec différentes personnes qui contribuent aux arrangements, à la production…

Vous mettez souvent en avant la fanfare dans votre musique ; est-ce que vous la considérez comme un orchestre populaire et de proximité ou au contraire d’élite et prestigieux ?

K : L’aspect fanfare était vraiment valable pour le premier album, « Songs from Kadebostany », qui mettait en avant le folklore de Kadebostany. Pour ce nouvel album on a laissé de côté tout ce qui était folklorique pour se concentrer sur la pop kadebostanienne ; c’est une sorte de condensé des hits joués sur la radio nationale.
En revanche, on a toujours cet élément très important symbolisé par les cuivres, mais plus à la manière d’un fil conducteur que d’une véritable fanfare – on utilise les cuivres comme un élément harmonique au même titre que l’on utiliserait un synthétiseur.

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Si vous faisiez un album de reprises, par quelle chanson commenceriez-vous ?

K : Justement, on est en train de préparer une reprise pour nos concerts en Turquie ! Pour l’instant on ne va rien dire, parce qu’on est en pleine discussion sur ce que l’on a envie de faire.

Amina : Il y a des optiques très différentes dans les covers. Soit on part sur le principe que l’on prend quelque chose de très connu pour essayer de lui redonner une espèce de crédibilité musicale, soit on se base sur quelque chose de plus discret.

: Arriver à s’approprier quelque chose est vraiment difficile. Tu as touché le point sensible !

A : Oui, c’est plus facile de faire nos propres morceaux ! On ne veut pas faire une reprise dans un but commercial, on veut vraiment apporter quelque chose.

Une amie m’a dit que votre musique faisait par moment penser à Adele : affront ou compliment ?

A : Un compliment, il y a pire comme comparaison !

K : On essaie dans nos morceaux de faire quelque chose d’assez ouvert, de manière à ce que certaines personnes puissent y voir des artistes qu’ils aiment, voire qu’ils n’aiment pas, sans pour autant que notre musique soit identique à une autre.

Pourquoi ne pas avoir décidé de chanter en langue locale ?

K : Il n’existe pas de langue nationale en Kadebostany, c’est un pays très libre. L’anglais reste la langue administrative, donc ça nous a paru évident. Et on trouve que l’anglais sonne beaucoup mieux dans les chansons.

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Si vous deviez associer votre projet à un personnage de fiction, lequel serait-ce ?

A : Le Tour du Monde en 80 jours !

K : C’est une très bonne question. Ça serait en tout cas quelqu’un qui aurait à voir avec beaucoup de rencontres, car c’est ce qui forme notre groupe. Par exemple, nos musiciens viennent pour certains d’orchestres philharmoniques, du jazz, du rock… ce sont des gens qui ont une personnalité, une singularité et qui s’intègrent au projet parce qu’ils ont quelque chose à dire et se sentent bien dedans.

: Je suis en train de réfléchir à plein de titres de livres là…

Quelles chansons catégorisées honteuses écoutez-vous en douce ?

K : moi je n’écoute jamais rien en douce. Je ne vais pas dire lesquelles parce que c’est un peu tabou, j’ai quand même une posture de président à assumer ; mais je pense qu’il n’y a pas de chanson honteuse. Par exemple, moi j’ai bien Voyage voyage.

A : Voyage voyage n’est pas du tout honteux pour moi, c’est un chef-d’œuvre !

K : Ce n’est pas un chef-d’œuvre pour tout le monde… Mais ça montre bien que la chanson honteuse de l’un est le chef-d’œuvre de l’autre. Je pense d’ailleurs que les gens seraient surpris si l’on faisait un podcast avec les différentes musiques que l’on écoute.

Quel chanteur ou membre de groupe mort aimeriez-vous faire revenir sur terre, et en échange de qui ?

: Freddie Mercury, contre n’importe quel boys band du hit-parade. J’en renvoie même dix !

A : Je dirais Ray Charles pour sa capacité à faire des morceaux qui font danser tout le monde, des hits incroyables, tout en gardant ce côté musical et non hyper commercial. Contre… une chanteuse qui chante en playback, donc il y en a beaucoup. Sans donner de noms, mais je pense qu’elles se reconnaîtront !

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La partie que vous détestez dans votre job ?

K : Moi j’aime tout, surtout par respect pour les gens qui font un métier difficile. Même parfois en tournée quand on dort deux heures, que l’on mange mal… je me dis que j’ai quand même une chance incroyable de pouvoir exercer mon art sans aucune pression, sans faire de concession. De pouvoir vivre de ça.

: Peut-être que la partie moins excitante est celle où on ne tourne pas, où on reste chez soi. Quand tu as terminé ton album, il y a une espèce de flottement et tu as vraiment envie de jouer.

Encore un président masculin, à quand le changement ?

A : Je vais lui voler sa place.

K : Je ne suis pas contre, mais je n’ai pas d’adversaire et personne ne s’est plaint. Beaucoup de mes ministres sont des femmes.

Quel est le plat national en Kadebostany ?

: Les samossas. Végétariens. Ces petits triangles incroyables.

A : Le président aime beaucoup les samossas.

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Que pensez-vous du téléchargement illégal ?

K : C’est un sujet délicat. Je ne vais pas donner de réponse précise mais plutôt des « pistes » pour que les gens trouvent la réponse. On a mis un an et demi avec Amina à faire un album comme Pop Collection. Ça a coûté beaucoup d’argent, d’énergie, ça a été un travail de titan, on a collaboré avec de nombreuses personnes, il y a eu les clips… Mine de rien, l’album est le fruit du labeur de beaucoup de gens. Est-ce que ce travail doit être téléchargé gratuitement, ou doit-il être rémunéré car il s’agit justement du travail de quelqu’un?

Vous avez beaucoup de tatouages, est-ce que pour vous c’est une forme d’expression artistique ?

: Pour moi c’est quelque chose de très spontané. J’aime bien le fait que l’on ne réfléchisse pas à cette chose qui va s’inscrire sur son corps jusqu’à sa mort. C’est une manière de dédramatiser le corps.

A : Moi je pars sur le principe que je n’ai pas choisi mon corps, et que je peux me le réapproprier en y inscrivant des dessins esthétiques. Je veux embellir mon corps, et également le dédramatiser. Il y a d’autres choses que l’on n’a pas choisies et qui nous poursuivrons toute notre vie, alors le tatouage est loin d’être dramatique. Ça nous évite aussi peut-être de trop nous regarder.

Quelque chose à ajouter ?

K : Vous pouvez avoir accès à la nationalité kadebostanienne en cliquant sur http://facebook.com/kadebostany. Le passeport kadebostanien permet de faire le tour du monde sans visa et de venir vivre en Kadebostany.

A : Où l’on vous accueillera comme il se doit ! Notre première date en France est le 26 septembre au Nouveau Casino ; on va annoncer une tournée en France entre septembre et décembre.

: On joue également au Paléo festival en Suisse !207341_566986926654511_2127275228_n

Mille mercis Kadebostany !

Louise

L’album Pop Collection sortira le 4 octobre 2013. Téléchargez le single Walking with a Ghost ici.