OK Bonnie x JBMT
Le groupe OK Bonnie possède, en plus d’un nom mystérieux et sensuel, une organisation peu ordinaire : projet porté par deux personnalités que sont Benjamin Rippert et Justine Bonneville, il se transforme sur scène en un trio mené par cette même demoiselle Bonneville (Bonnie) et complété par la présence d’un guitariste (B. Van Calster) et d’un batteur (A. Billiès). C’est pourtant bien en studio, avec Ben, que se prépare toute l’alchimie musicale de la bande : une électro délicate, vaporeuse voire énigmatique.
Rencontre avec Bonnie à l’occasion de la sortie de leur très bel album ON ce 10 juin.
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Bonjour Justine,
Commençons avec la question traditionnelle : quelles sont les influences musicales qui fourmillent au sein de votre groupe?
Elles sont multiples et variées : on est très influencés par le rock, l’électro… Benjamin vient du jazz, c’est un grand fan à la base de Weather Report, Miles Davis ou Coltrane. Et depuis quelques années il collabore avec Laurent Garnier, ce qui nous a ouverts à tout cet univers techno : celui d’Underground Resistance, Aphex Twin ou Craftwork. En ce qui concerne l’électro, on a récemment beaucoup aimé Trentemøller ; et pour le rock, on est des grands fans de Radiohead, Goldfrapp, Björk… Moi particulièrement de Jeff Buckley dans mon adolescence. Ce projet est donc véritablement un mix – on vient d’univers assez différents, on mélange pas mal d’influences.
D’où vient votre nom?
C’est venu de deux grandes influences que l’on avait en commun avec Benjamin : « Bonnie and Clyde » de Gainsbourg et « OK Computer » de Radiohead. Ca a bien sonné, ça a résonné en nous. Le OK fait déterminé, comme s’il sous-entendait « allez, c’est parti », et mon nom de famille étant Bonneville ça permettait aussi de faire écho à Bonnie.
Ces dernières années ont été marquées par le retour de l’électro, et donc par l’éclosion de nouveaux groupes et DJ’s. Comment avez-vous fait pour trouver votre marque dans cet univers ?
On est venu à l’électro grâce à Laurent [Garnier], il nous a ouvert face à cette nouvelle scène que l’on connaissait moins étant donné que l’on vit dans le Sud, un peu « hors courant ». On se l’est donc appropriée de façon très personnelle, on ne s’assimile pas vraiment à une veine musicale.
Vous êtes donc originaires du sud de la France : pensez-vous que cela a une incidence sur votre musique ?
Oui je pense, parce que même s’il y a plusieurs musiciens autour de nous on se sent un peu en autarcie. On n’a pas l’impression de faire partie d’un courant musical ou de quoi que ce soit, ce qui fait qu’on ne s’est pas trop posé de question ; on a fait notre truc dans notre coin sans vouloir se raccrocher à une quelconque mode.
Comment vous répartissez-vous la création des morceaux ?
On travaille à la fois ensemble et séparément. Benjamin compose les morceaux, ensuite je rajoute par-dessus les textes et les mélodies. Une fois que c’est fait, on travaille ensemble et on manipule toutes ces matières pour essayer d’arriver à quelque chose qui nous parle à tous les deux.
Pouvez-vous me parler plus en détail du clip troublant de « YSNL », pourquoi ce choix ?
On a moins cherché à choquer qu’à accrocher ; on veut que les gens remarquent que ces petites filles sont belles et candides, mais que pourtant quelque chose derrière n’est pas normal et intrigue. Mais ce n’est pas nous qui avons choisi cette réponse, on a laissé libre interprétation du morceau au réalisateur (David, avec qui, en plus de Ben et de Fred notre agent, on a monté le label Greenwell). Il a donné sa vision des choses, et c’est justement ça : il trouve que notre travail est très léché, très abouti, mais que pourtant derrière quelque chose dérange et accroche. Il a voulu transposer cette sensation en images et a trouvé la métaphore de l’innocence.
Une époque vous inspire-t-elle en particulier?
Pas vraiment, non. Nos influences musicales sont très larges donc il n’y a pas de période musicale qui nous retienne plus que d’autres.
Si vous deviez associer OK Bonnie à un personnage ?
Ce serait le canard ! Il n’y a qu’à regarder les visuels de l’album. C’est Ben : étant donné qu’il n’est pas présent sur scène, on a voulu marquer sa présence sur ON sans pour autant mettre une photo de lui.
Quel chanteur ou membre de groupe mort aimeriez-vous faire revenir sur terre, et en échange de qui ?
Ça va être méchant ça ! J’aimerais bien faire revenir Jeff Buckley, parce qu’il a eu un parcours trop court à mon goût. En l’échange de… Froggy la Grenouille.
Un puits à bonne musique à nous conseiller? (site, radio, disquaire…)
Les playlists de Laurent Garnier, notamment pour son émission « It is what it is » sur le Mouv’.
Terminons par la question de JBMT : quelle est la chanson catégorisée honteuse que vous adorez secrètement ?
Alors là je ne sais pas ! Je réfléchis dans mon enfance, j’ai forcément écouté des trucs honteux… Ah oui, j’ai écouté les Spice Girls et je n’en suis pas fière (mais j’avais neuf ans).
Mille mercis Bonnie !
Louise
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