Portrait Culturel de Lectrice : Fantine
Suite à un concours improvisé à propos de notre deuxième film culte et pour fêter le nombre grandissant d’adeptes sur la page Facebook du blog (plus de 680 likes, merci !), nous dressons aujourd’hui le portrait culturel de Fantine, lectrice de JBMT et accessoirement professeur de lettres et de théâtre en Bourgogne.
Bonjour Fantine,
Commençons par ton domaine de prédilection, la littérature : quel ouvrage pourrais-tu relire indéfiniment ?
Même si je relis très peu de livres (ok, à part pour la préparation de cours !), il y a une œuvre dont je ne me lasserai jamais, je crois. Il s’agit de Belle du seigneur d’Albert Cohen : une écriture à l’ironie mordante, un lyrisme amoureux qui dégoûte autant qu’il fait rêver et des scènes d’une vérité et d’une drôlerie sans nom ! Bref, je n’aurais de cesse de recommander ce roman qui peut-être vous invitera à fouiner dans l’œuvre de cet écrivain à l’humour admirable.
Quel a été ton dernier coup de cœur livresque ?
Mon dernier coup de cœur est un roman intitulé La Fin d’Alice de A. M Homes. Ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains, mais le pacte de lecture est assez intriguant : c’est l’histoire d’une relation épistolaire entre un pédophile emprisonné et une jeune fille potentiellement prédatrice, elle aussi… Je ne vous en dis pas plus, mais si scènes provocantes il y a, ce n’est bien que pour bousculer le vil lecteur qui se cache en chacun de nous, dans les sillons d’une écriture sans limites.
Tu travailles aussi dans le milieu théâtral ; un spectacle incontournable en ce moment ?
Je fréquente, en effet, énormément les lieux de théâtre qu’offre ma petite ville de province et cette année, j’ai croisé la route d’un spectacle qui ne peut laisser indifférent : soit on déteste, soit on adore (je vous laisse deviner dans quel camp je me situe !). Il s’agit de Lendemain de fête de Julie Bérès : les images sur le plateau sont incroyables. Danseurs, comédiens, circassiens se côtoient sur scène dans un tourbillon énergique qui emporte le spectateur au bord du gouffre de la mémoire défaillante du héros où tout repère disparaît peu à peu. Cette mise en scène m’a bouleversée et pour une fois, les prouesses techniques ne desservent pas l’outil premier du théâtre : le texte. Chaque élément est au service du jeu, de la langue et des émotions. Si ce spectacle apparaît dans la programmation théâtrale de votre ville, n’hésitez pas et voyez dans quel camp du public vous vous rallierez !
JBMT décrypte en ce moment trois films « culte » ; quels sont les tiens ?
Plusieurs me viennent à l’esprit : je commencerai par ma première claque ciné : Les 400 coups de Truffaut qu’un prof passionné nous décryptait en cours. J’ai été bluffée par tant de maîtrise, par le jeu de Jean-Pierre Léaud, par tout ce que pouvait raconter un plan quand il est « écrit » avec autant de virtuosité. Ma maison brûle, j’emporte sans hésiter de ma dvd-thèque : Avanti ! (qui me fera toujours hurler de rire) et Sunset Boulevard de Billy Wilder, et Eternal sunshine of the spotless mind de Gondry. Et pour le parfum inégalé de mon enfance, pour l’intemporalité psychédélique : Peau d’âne de Jacques Demy !
Quel album écoutes-tu en boucle, et quelle chanson te donne la patate en toute circonstance ?
J’écoute sans arrêt tous les albums de Coco-Rosie, et plus spécifiquement La Maison de mon rêve avec le génialissime titre « Terrible Angels ». Leurs voix si différentes et si complémentaires, leurs trouvailles sonores me font vibrer quoiqu’il arrive. Et les voir en concert, c’est juste une expérience incroyable ! L’esprit voyage dans d’autres sphères au son de leur musique…mais de là à dire que ça remonte le moral, mouais, pas vraiment. Alors pour ça, rien de tel que la reprise de « I will survive » par Cake, titre qui date mais que je « braille » joyeusement pour me redonner la patate !
Dans quel musée adores-tu te réfugier ?
Me réfugier ne serait pas le mot exact, car le musée auquel je pense n’est pas à côté de chez moi : j’adore l’atmosphère, les œuvres de la « Tate modern » à Londres. Cette ancienne centrale électrique reconvertie en caverne d’Ali-Baba pour tous les amateurs de créations artistiques contemporaines m’impressionne toujours. Et juste à côté, se trouve le Globe, théâtre shakespearien rebâti. J’aime ces voisins que les siècles séparent et que les bords de la Tamise relient…
Quel a été ton dernier coup de cœur série ?
Je suis devenue complètement addict aux séries… Je me soigne, mais pour l’instant je suis loin d’être guérie ! Mon top 3 serait le suivant : The Wire en tête de liste : Baltimore en héroïne d’une série où bons et méchants se côtoient dans le cœur du spectateur, des scènes d’anthologie (la scène des « Fuck » à voir absolument), bref, je suis une inconditionnelle ! Viendrait ensuite Mad Men à la beauté exigeante, aux sentiments complexes, peinture d’une société qui ne fait que chuter (et dont nous ne sommes que l’amer atterrissage). Et enfin, Girls qui parle des filles (mais les garçons ne perdraient rien à regarder cette série, bien au contraire !) : ça bavarde, ça fait sourire, ça fait réfléchir, et surtout ça nous tend un drôle de miroir !
Quelle ville t’inspire particulièrement ? Une bonne adresse là-bas ?
Berlin sans hésiter ! J’y suis allée quelques jours en vacances et maintenant, je ne rêve plus que d’y retourner. Les bars sympas (celui de l’hôtel Michel Berger est à faire), les concerts (le Magnet Club), les lieux ahurissants (le Kulturbrauerei)… C’est une ville avec plein de trésors cachés qui me fait ressortir sans hésiter mes vieux cours d’allemand !
Et à Chalon-sur-Saône, quels sont tes bons plans ?
En juillet, il y a l’incontournable festival des arts de la rue « Chalon dans la rue » : danse, théâtre, musique… occupent la ville pendant quatre jours et la fête bat son plein ! Certes, c’est loin d’être aussi agité comme ça toute l’année mais il y a des endroits sympas :
- Un café qui programme « à l’improviste » des supers concerts rock, Le Purple (5 Rue Cornillons)
- Le centre national des arts de la rue, « L’Abattoir », avec des sorties de chantier des artistes en résidence à ne pas manquer
- l’Espace des Arts, la scène nationale incontournable
- La Péniche pour les concerts (52 quai Saint-Cosme)
- Le magasin « Zazie Mute » sur les quais de Saône pour dégotter des trésors vintage (créations et meubles au 22 quai des Messageries)
- Le disquaire de chez Gibert qui a un stock de (très, très, très !) bon goût et qui est toujours prêt à nous faire écouter des perles musicales !
Chalon est une petite ville mais les gens sont super sympas, croyez-moi 😉 Alors, à bientôt peut-être !
Mille mercis Fantine !