Janelle Monáe : reine de la soul en tuxedo

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S’il est des artistes dont on entend trop peu parler, Janelle Monáe en fait indubitablement partie. Mais chez JBMT, nous avons décidé d’y remédier en vous offrant une plongée dans le «Wondaland» de miss Monáe à l’occasion de la sortie de son troisième album, The Electric Lady.

Janelle Monáe, c’est un style unique de soul psychédélique aux influences funk et Rn’B, un peu comme si Prince, Andre 3000 du groupe OutKast et Grace Jones avaient eu une fille. Mais c’est aussi une ”silhouette” singulière, rétro-futuriste et assez masculine, faite à base de tuxedo noir et blanc et d’une sempiternelle coiffure en banane.

Deux singles sortis cet été nous ont annoncé la venue imminente du second album de la jeune américaine, The Electric Lady : Suites IV and V. Le premier d’entre eux est un duo avec la grande Erykah Badu qui s’intitule Q.U.E.E.N. La chanson comporte comme souvent chez Janelle Monáe une part de militantisme défendant les plus faibles ou les minorités, qu’elles soient ethniques ou sexuelles. Le rap incroyable clôturant la chanson en est le meilleur exemple. En août dernier, l’esthétique impeccable de la vidéo lui a valu le MTV Video Music Award de la meilleure direction artistique.

Le deuxième single assurant la promotion de l’album est le déjanté Dance Apocalyptic. Le titre est clair, elle veut nous faire danser jusqu’à la fin du monde ; c’est mission réussie. Le clip est tout aussi dément que la chanson, preuve en est Janelle Monáe abandonne sa traditionnelle coiffure pour assurer un dernier concert avant la fin du monde.

The Electric Lady en lui-même est sorti lundi 9 septembre, il contient 19 chansons divisées en deux actes. La liste des artistes présents sur l’album est plus qu’alléchante : Erykah Badu sur Q.U.E.E.N. bien sûr, mais aussi Solange Knowles ou encore – la meilleure collaboration à mes yeux – le légendaire Prince sur Givin’ Em What They Love.

Mais peut être que vous ne connaissez pas – ou peu – Janelle Monáe, alors voici un petit retour en arrière sur sa carrière :

Née en 1985 à Kansas City d’une mère femme de ménage et d’un père éboueur, rien ne la prédestinait à un tel avenir si ce n’est sa passion précoce pour la musique. Après des études de théâtre à New York elle aménage à Atlanta et fonde son propre label, la Wondaland Arts Society. Mais c’est vraiment grâce à deux rencontres décisives que sa carrière va décoller. D’abord Big Boi du groupe Outkast qui lui présentera ensuite Sean Combs, alias P. Diddy. Ce dernier tombe instantanément sous le charme de cette jeune chanteuse, alors inconnue, au style musical et vestimentaire atypique et il la fait signer chez son propre label Bad Boy en 2006.

En 2007 elle sort son premier travail en solo intitulé Metropolis : Suite I (The Chase), sous la forme d’un EP, qui va la révéler au public américain et lui vaut sa première nomination aux Grammy Awards. Comme son nom l’indique, Métropolis : Suite I est la première partie d’un projet organisé en plusieurs albums. Le choix d’un tel titre n’est pas anodin, le film Métropolis de Fritz Lang est sans nul doute LA plus grosse influence à la fois visuelle et lyrique dans l’oeuvre de Janelle Monáe. De cette première et déjà excellente œuvre on retiendra le single Many Moons et le majestueux Sincerely Jane.

Trois ans plus tard vient le premier vrai album, The ArchAndroid : Suites II and III et la reconnaissance internationale. Le premier single est Tightrope , certainement son plus gros succès jusqu’à présent, dont le clip se déroule dans un asile où la danse est fortement prohibée pour ses «effets subversifs» et ses «tendances à donner des pouvoirs magiques» aux patients. Cold War est ensuite choisi comme second single, le clip très simple – un unique gros plan sur le visage de Janelle – n’en est pas moins sublime et touchant. Les critiques sont unanimes, l’album est classé parmi les meilleurs albums de l’année, voire même le meilleur et il reçoit de multiples récompenses et nominations. Le film « Métropolis » reste toujours très présent dans tout l’album comme un fil de trame, en témoigne le modèle réduit de la ville futuriste qu’elle porte en guise de coiffe sur la couverture de l’album.

Parallèlement à la musique, le succès de Janelle Monáe dans d’autres domaines tels que la mode n’est plus à faire. Karl Lagerfeld s’en est entiché au point de la faire poser pour W Magazine et la célèbre marque de cosmétique américaine CoverGirl en a fait sa nouvelle égérie.

Je terminerai sur une bonne nouvelle puisque Janelle Monáe sera en concert lundi 16 septembre à l’Alhambra (Paris Xème). Alors je vous donne rendez-vous là-bas en espérant vous avoir fait découvrir ou redécouvrir et surtout aimer une artiste unique et encore trop peu connue.

Thomas Servoz