Amuser les Galeries

Passionnée d’art contemporain, Ariane a écumé les galeries parisiennes pour vous fournir un petit guide non-exhaustif des expositions à ne pas manquer.

EN BREF

Bertrand Lavier

Lavier

  • Galerie Yvon Lambert
  • 108, rue vieille du temple, Paris 3e
  • 12 Septembre – 12 Octobre

Avant de rentrer dans la galerie Xippas où est exposée Farah Atassi (voir plus loin notre coup de cœur), pénétrez dans la véranda de ce superbe hôtel particulier de la rue Vieille du Temple, et bifurquez chez Yvon Lambert. Là, vous y retrouverez la superstar Bertrand Lavier, qui a déjà eu le droit à une rétrospective à succès au Centre Pompidou la saison dernière. Ici, pas d’exposition exhaustive : un accrochage hyper sobre axé sur ses reproductions d’œuvres d’art représentées dans les BD Disney. Cette présentation épurée et sélective met en valeur le fonctionnement de ces œuvres à la fois astucieuses et extrêmement réfléchies. Un regard différent qui réussit à apporter un éclairage nouveau sur une œuvre dont on pensait avoir fait le tour au Musée National d’Art Moderne.

Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla

Allora-Calzadilla

  • Galerie Chantal Crousel
  • 10 rue Charlot, Paris 3e
  • 13 Septembre – 16 Octobre

Duo américano-cubain, Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla présentent chez Chantal Crousel deux vidéos, dans lesquelles on retrouve leur double fascination pour science et poésie. Ainsi, dans leur première œuvre, ils s’associent à un compositeur pour tenter de traduire les formes girondes de la célèbre Vénus de Lespugues, une statuette paléolithique retrouvée dans le Sud-Ouest de la France et représentant une déesse-mère. La deuxième vidéo raconte elle l’histoire incroyable de deux éléphants conservés au Muséum d’Histoire naturelle, à travers leurs ossements. Une exposition qui a l’étoffe pour convaincre les sceptiques de l’œuvre vidéo avec délicatesse et humour noir…

Théo Mercier

Théo Mercier 1bis

  • Galerie Gabrielle Maubrie
  • 24 rue Sainte Croix de la Croix-Bretonnerie, Paris 3e
  • Jusqu’à fin Novembre

Théo Mercier s’est fait remarquer à la FIAC 2010 grâce à une statue d’un géant en nouilles penaud, assis sur une chaise d’écolier (oui, vous avez bien lu). Ce jeune artiste en pleine ascension aime à travailler avec l‘humour, et surtout l’humour noir. Plus généralement son travail se base sur le décalage et l’incongruité dans le quotidien, et c’est ce que montre son exposition à la Galerie Gabrielle Maubrie. Une immense cuillère en bois en bois exotique sculptée d’ossements y côtoie une paire de bottes croisée à une peau de banane. Faites abstraction du mur de petites sculptures en céramiques déconcertantes de laideur (sur votre droite en entrant), et foncez voir l’installation au fond de la galerie, si délirante qu’on a envie de vous en laisser la surprise.

LE COUP DE CŒUR

Farah Atassi

Attassi 2

  • Galerie Xippas
  • 108 rue Vieille du Temple, Paris 3e
  • 7 Septembre – 26 Octobre

Si vous reconnaissez les œuvres de Farah Atassi, c’est probablement que vous avez croisé une de ses toiles au détour d’une des salles des collections permanentes du Centre Pompidou. Le musée lui consacrera peut-être une exposition personnelle entière l’an prochain, si elle remporte le prix Marcel Duchamp pour lequel elle est nominée cette année.

Ses peintures monumentales se composent d’un fond de formes géométriques anguleuses, aux couleurs vives, qui couvre l’ensemble du tableau. Cette trame sert de cadre à la présentation de différents objets et architectures tout aussi colorés, aux formes extrêmement épurées typiques des codes formels modernistes, comme on les retrouve chez l’architecte Mies van der Rohe ou encore l’artiste et théoricien Donald Judd.

La peinture de Farah Atassi est une œuvre de contrastes ; ce qui la rend le plus remarquable, c’est qu’elle conjugue une plastique attractive et accessible avec un contexte de références historiques et artistiques très dense. Cependant, ce n’est pas la seule contradiction sur laquelle jouent ses peintures : on peut également y voir, par exemple, le modernisme et sa sobriété confrontés à l’exubérance du « all-over » (avec ses fonds aux formes répétitives), ou dans ses toiles récentes à celle de motifs folkloriques complètement décoratifs, comme on peut le voir dans cette exposition.

L’artiste explique sa fascination pour cette esthétique moderniste assez sobrement. Le but de cette mouvance, qui a caractérisé toute une partie de la production artistique du XX° siècle, est l’efficacité dans la simplicité ; c’est cette efficience qu’admire Farah Atassi. Mais contrairement aux œuvres historiques de ce mouvement, ses toiles ne plongent pas dans la radicalité et dans l’abstraction. Elle y mélange des références visuelles complètement différentes, aussi bien de par leur contexte que de par leur rendu plastique. En effet la figuration lui reste chère, on voit encore des chaises, des bâtiments dans ses tableaux. Et justement : en opposant un fond couvert de motifs planes et répétitifs à une présentation de plusieurs en objets en trois dimensions, elle nous fait voir à la fois de la perspective dans l’aplat, et de la forme pure dans l’objet.

Le résultat est une peinture de l’espace et de l’harmonie ; Farah Atassi arrive à la fois à répondre à des problématiques théoriques complexes, et à nous livrer des œuvres à la beauté poétique mise en valeur par le cadre délicat des verrières de la galerie Xippas. Immanquable, donc.

LE MOIS PROCHAIN

Cy Twombly

Cy Twombly

La période octobre-novembre risque d’être particulièrement sympathique dans les galeries, avec notamment une exposition rétrospective des dessins du maître Cy Twombly chez Karsten Greve dès le 12 octobre, ou dans un registre très différent les sculptures à la fois drôles et oniriques de Laurent le Deunff à la Galerie Semiose dès le 19 octobre… Et bien sûr le gros buzz de la rentrée avec l’exploitation d’un immeuble entier du 13ème arrondissement par la galerie Itinerrance, qui a transformé le bâtiment en lieu de résidence pour des street-artists dès le 1er Octobre. On vous en reparle très certainement!

 Ariane