Thomas Clément x JBMT

Enfin un peu de testostérone dans les interviews de blogueurs sur JBMT ! Pas de secteur mode ou beauté pour Thomas Clément, jeune homme traitant de tout ce qui attire son attention avec un regard acéré et un brin décalé. Livres, films, politique, publicité… tout y passe, et surtout tout le monde. Car Thomas est avant tout célèbre pour ses Tomcasts, premier talk-show online français – autant dire, des interviews de célébrités uniquement disponibles en ligne- déjà visionnés plus de 3 millions de fois sur YouTube. De notre Margaux Motin nationale à David Lynch ou Gad Elmaleh, tout le haut du gratin a eu droit à son quart d’heure de gloire et/ou de torture face à la caméra du grand Thomas Clément.

Bonjour Thomas,

Merci d’accepter de passer de l’autre côté du micro/écran ! Commençons par une question type « entretien d’embauche » : d’où viens-tu Thomas Clément, et quelle est ta formation ?

J’ai fait une école de commerce avant d’être directement aspiré par le tourbillon du web à l’époque merveilleuse où certains grands décideurs français affirmaient encore le plus sérieusement du monde : « Internet, c’est une mode, ça va passer ! ». J’ai donc commencé en créant les tous premiers sites web, mais surtout en réfléchissant aux contenus qu’on pourrait bien y mettre ! J’ai ensuite travaillé un peu pour la télévision avant de faire un retour dans le digital, puis dans la publicité avant de créer ma propre agence de pub, NoSite, en 2010.

D’où t’es venue l’idée des Tomcasts ?

En fait, au départ j’avais très envie de faire de la télé, et notamment des interviews, car c’est toujours l’occasion de rencontrer des gens qu’on admire – ou du moins des gens étonnants, enrichissants. Et puis quand j’ai vu arriver les plateformes vidéos comme Dailymotion ou Youtube, je me suis dit : « Cette fois tu as un accès direct au public, sans aucun filtre ni censure, mais qu’est ce que tu attends pour te lancer ! ». A l’époque je bossais pour Guillaume Durand, qui animait l’émission littéraire Campus sur France 2 : j’avais mon premier invité connu. Ce premier Tomcast date de juin 2006 !

Comment as-tu réussi à approcher autant de célébrités ?

Ca s’est fait très progressivement. Evidemment au départ, impossible de passer par les attachés de presse qui me prenaient de très très haut, moi le petit moins que rien du web (la plupart des attachés de presse n’avaient d’ailleurs même pas de mails à l’époque – c’est dire leur vision de l’importance d’Internet)! Beaucoup de Tomcasts ont été obtenus par relations, amitié, en contactant les artistes directement ou tout simplement par des gens influents qui aimaient bien mon style différent. D’ailleurs les retours des artistes tomcastés sont globalement bons, même si je les taquine un peu ; le Tomcast pour eux c’est le moment de détente où ils savent qu’ils vont se marrer un peu entre 15 interviews avec les mêmes questions. En général quand je les recroise deux ans après dans une soirée, ils se souviennent très bien de leur Tomcast. Ça fait plaisir !

Est-ce que ces interviews t’ont permis de changer la vision que tu avais de certaines personnalités ? As-tu déjà été déçu par l’une d’entre elles?

Globalement, mes rencontres m’ont permis de changer la vision que j’avais de certaines personnalités, mais plutôt en bien. La chanteuse Lorie par exemple, dont beaucoup de gens aiment se moquer, est en fait une fille hyper fun et sympa et complètement partante pour tous les délires (pour son 2ème Tomcast, je lui avais proposé d’être interviewée dans un club de striptease, sur la barre de pole dance, et elle a accepté direct !). Le chanteur Renaud reste une de mes plus belles rencontres, parce qu’il s’est livré à 400% sans aucune langue de bois – derrière ses coups de gueule ultra violents contre une certaine presse qui l’avait éreinté, il y avait un type sensible, un vrai gentil, j’ai adoré ce moment et je souhaite de tout cœur qu’il revienne un jour au top de sa forme. David Lynch était aussi très impressionnant, et pas toujours facile à suivre !

 

Comment choisis-tu ton invité pour un Tomcast ?

D’abord en fonction de l’actu, car il faut savoir que les artistes ne donnent des interviews que quand ils ont une actu à vendre (livre, album, film), et ensuite en fonction de mes goûts, de la personnalité présumée des invités : il faut que je sente que l’artiste aura envie de jouer avec moi, pour créer un moment vraiment fun.

Quelle question n’as-tu jamais osé poser ?

D’une manière générale, je n’aime pas trop poser des questions sur la vie privée de mes invités. Dernièrement, j’ai interviewé une jeune chanteuse dont je savais qu’elle sortait avec le fils du président de la République. Je mourrais d’envie de la taquiner là-dessus, et puis finalement je n’ai pas réussi à trouver l’angle fun pour aborder le sujet, j’ai senti que j’allais la saouler sans aucun bénéficie pour l’interview. Qu’allait-elle bien pouvoir me répondre : « ben oui, je sors avec lui, je suis heureuse, c’est cool, sujet suivant ? ».

Comment réagis-tu aux commentaires négatifs de certains lecteurs ?

Maintenant, mes Tomcasts sont diffusés sur YouTube et je dois affronter les tonnes de commentaires malveillants que certains internautes désœuvrés postent sur mes interviews ou sur mes invités. Autant j’accepte qu’on critique ma façon d’interviewer et je suis ouvert à toutes les suggestions, autant j’en ai ras le bol de passer mes journées à effacer des insultes violentes et des commentaires antisémites dès que je reçois un invité juif ou suspecté juif ! C’est le triste revers de la nouvelle liberté qu’offre Internet. Je réponds toujours par l’ignorance car c’est le meilleur des insecticides anti-troll. Mais j’avoue que ça me déprime un peu, je n’arrive pas m’y habituer, je pense à la vie misérable (intellectuellement parlant) de ces pauvres gens qui croient soulager leur rancœur et déballant leur haine impunément sur YouTube. Qui sont-ils ? Quelle-est leur vie ? Une bonne idée de sujet pour notre ami Bernard de la Villardière !

Et puisque cette interview est aussi un portrait culturel, peux-tu nous dire quel a été ton dernier coup de cœur livresque ?

Cet été j’ai été frappé par l’énergie incroyable de Guillaume Dustan en ouvrant (d’abord par curiosité) le tome 1 de l’intégrale de ses Œuvres, paru récemment chez P.O.L. Une véritable plongée dans un milieu que je ne connaissais pas bien, et une véritable claque stylistique.

Dans un esprit radicalement différent, j’ai quasiment fini de lire Au revoir là-haut de Pierre Lemaître. Voilà un auteur français de polar ultra fort – j’ai dévoré tous ses romans – qui, à la grande surprise de ses lecteurs revient avec une fresque historique qui se déroule au lendemain de la Première Guerre Mondiale… et une fois encore, c’est passionnant ! Comme quoi il faut toujours faire confiance aux auteurs qu’on aime. Michel Houellebecq par exemple, s’il se mettait à écrire des blagues Carambar, eh bien je me remettrais à acheter des Carambars (oui j’ai acheté son recueil de poésie)!

De quel film connais-tu quasiment toutes les répliques ?

Aucun, j’ai plutôt une mémoire visuelle et je me souviens principalement des images dans mes films préférés. Et à ce titre, « Paris Texas » de Wim Wenders et « Mulholland Drive » de David Lynch sont sans doute mes deux films préférés.

Quelle chanson honteuse adores-tu secrètement ?

HAHAHA j’adore « Party in the U.S.A » de Miley Cyrus, ça me file la pêche sous la douche, il y a toute l’énergie enthousiaste de la jeunesse américaine dans ce titre !

Et pour terminer, un bon plan culture à partager ?

Sans hésiter, l’exposition Ron Mueck à la fondation Cartier, prolongée jusqu’au 27 octobre. Les statues humaines de ce sculpteur hyperréaliste virtuose sont tellement troublantes qu’à chaque fois je mets plusieurs jours à m’en remettre !

Mille mercis Thomas !

 Louise

 Retrouvez Thomas Clément sur son blog, sur Twitter (@thomasclement) et sur YouTube