Mustang x JBMT

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Nous vous avions déjà parlé du groupe Mustang à plusieurs reprises, et plus d’un de leurs morceaux trônent dans nos playlists mensuelles. Ce trio aime à mélanger tradition et nouveauté, en puisant certaines tonalités dans l’horizon musical des années 50 et en les mélangeant à des inspirations beaucoup plus contemporaines, afin d’obtenir une mixture unique sur laquelle se posent des textes en français, parfois engagés, parfois fleur bleue. Alors que Mustang achève la préparation de son troisième album intitulé Ecran Total, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Jean Felzine, chanteur et leader de la bande.

Bonjour Jean,

Vous êtes de retour avec un nouvel album ; pourquoi avoir choisi « Ecran Total » ?    

C’est le titre d’un des morceaux, et il s’est vite imposé comme celui de l’album. Le terme d’ « écran total » peut avoir plusieurs sens, on l’a choisi justement pour son côté abstrait : il ne s’agit pas nécessairement d’un écran de cinéma ou d’ordinateur, mais plutôt d’un écran au sens de filtre. Je trouve que c’est suffisamment nébuleux pour fonctionner comme titre d’album.

Avez-vous l’impression d’avoir acquis une certaine « maturité » avec cet album, comme c’était le cas avec Tabou ?

Je pense qu’on a le meilleur disque qu’on n’ait jamais fait, c’est un album très dense. Ce n’est pas forcément une révolution par rapport à ce que l’on a pu faire auparavant, mais j’ai l’impression que c’est une espèce d’accomplissement. Plus qu’une histoire de maturité, les morceaux sont simplement meilleurs que sur le disque précédent, la production plus aboutie. Il faut dire que l’on a pris plus de temps pour le réaliser, presque un an ; encore une fois, je pense que c’est le meilleur disque que l’on pouvait faire.

J’ai entendu dire que le nom de votre groupe avait été un choix un peu facile et naïf ; si tu devais en changer aujourd’hui, lequel prendrais-tu ?

Je choisirais certainement « Ecran Total » ! C’est vrai qu’on a fait un choix un peu facile, on avait quinze ans et on commençait à écouter de la musique des 60’s. Aujourd’hui il est trop tard pour en changer et ça n’a pas d’importance, mais si je devais en prendre un nouveau, ce serait quelque chose de plus français.

Si tu devais associer Mustang à un personnage ou à un objet, lequel choisirais-tu ?

Difficile de répondre… Concernant le personnage, je serais tenté de choisir Winston Churchill, ou un autre grand nom de la même trempe. Pour ce qui est de l’objet, je pourrais dire la voiture, en rapport avec nos débuts : on avait appelé le premier album A71, une façon pour nous de dire qu’on partait de Clermont-Ferrand [ndlr : l’A71 relie Clermont-Ferrand à Orléans].  Mais disons un péage, je trouve ce genre d’endroit très beau.

 

Après la sortie de votre album de reprises, avez-vous toujours envie de faire des covers ?

On va faire prochainement une reprise de Polnareff, dans le cadre d’une compilation. On aime bien ça, et c’est aussi une manière d’occuper le terrain en attendant l’album. Mais concernant les douze titres à venir, on a des chansons suffisamment fortes pour ne pas avoir besoin de reprises à côté.

Y-a-t-il un endroit où vous rêveriez de jouer ?

On aimerait bien jouer aux Etats-Unis, et même au Royaume-Uni. Il faut s’y frotter un jour ou l’autre ! Mais particulièrement les US, dans le Sud, puisque c’est le berceau de la musique qu’on aime. Memphis, la Nouvelle-Orléans…

Comment se passe votre processus de création, qui s’occupe de quoi ?

Je m’occupe de la plupart des chansons, mais maintenant Johan crée certaines mélodies. Il y a deux chansons de lui sur le disque, dont une assez importante. Petit à petit, il se charge de plus de choses, et ce sera également le cas en concert.

As-tu des pronostics concernant les chansons qui devraient sortir en single ?

Je n’ai pas trop le droit d’en parler, mais on a le choix entre plusieurs, ce qui est bien –c’est un peu un problème de riches. Je pense qu’on va diffuser quelques morceaux avant la sortie de l’album.

Quel chanteur ou membre de groupe mort aimerais-tu faire revenir sur terre, et en l’échange de qui ?

Je ferais revenir tous ceux qui sont morts trop jeunes, comme Amy Winehouse ; je me suis souvent demandé ce que Kurt Cobain aurait fait plus âgé. Je n’aime pas beaucoup cette mythologie du « mourir jeune » : je trouve ça dommage, on peut très bien faire de bons disques tout en étant plus âgé, même si ce n’est pas forcément du rock’n’roll. Et en échange, je renverrais toute la bande de Metronomy. J’ai beaucoup de mal avec leur musique, ça m’évoque du savon…

 

Si tu pouvais remonter le temps, où t’arrêterais-tu ?

Je ne voudrais pas le faire, je ne suis pas nostalgique.

Selon toi, où en est le monde de la musique aujourd’hui ?

Le monde de la musique est devenu une industrie d’artisanat minuscule. Nous sommes signés chez Sony, et c’est amusant de voir en parallèle de nous tout le département jeux vidéo, qui lui est florissant. Je pense que c’est l’industrie du « bien culturel » qui rapporte le plus d’argent en ce moment, plus que le cinéma, et bien plus que la musique.

Pour ce qui est de la musique des charts en général, je me suis rendu compte d’à quel point la musique noire-américaine avec gagné complètement le marché des US. C’est une victoire incroyable, le moindre blanc qui chante aujourd’hui de la musique américaine (hormis la country, qui est un domaine à part) aura forcément une influence afro, soul par exemple. Si on regarde Justin Timberlake, il essaie de chanter et de danser comme Michael Jackson. L’une des personnalités les plus puissantes de la musique d’aujourd’hui est Jay-Z, et ce doit être Rihanna ou Beyoncé qui vend le plus de disques… C’est complètement fou, à voir que pendant des décennies on était carrément sur des charts séparés.

Quelle chanson honteuse adores-tu secrètement ?

J’ai un faible pour Enola Gay de Orchestral Manœuvres in the Dark.

C’est vraiment honteux ça ? Il n’y en a pas une autre ?

Plus honteuse encore ? Ok, Bye bye de Menelik.

Pour terminer, avez-vous un film culte entre vous trois ?

On aime beaucoup un film de Clint Eastwood qui s’appelle Honkytonk Man. C’est une fiction à propos d’un chanteur de country en plein dans les années 30, pendant la Grande Dépression. Il me semble qu’il est inspiré de la vie d’Hank Williams, et de celle de Jimmy Rogers. C’est un film magnifique, dans lequel Clint Eastwood chante lui-même. Il y a dedans ce que je considère comme la plus belle scène de musique au cinéma : le protagoniste, atteint de la tuberculose, se rend dans un studio pour enregistrer une chanson alors qu’il est sur le point de mourir. Il tousse, ne parvient pas à chanter, sauf que pendant ce temps la bande tourne et coûte cher : un de ses musiciens décide donc de prendre le relai et de finir le morceau. Clint Eastwood s’écroule à force de tousser, conscient qu’il va mourir, et comprend que sa chanson va lui survivre. C’est une scène très simple, mais très belle.

Louise

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