Exclamation, le poème de Suji Park
Il y a trois mois déjà, nous vous faisions découvrir le travail délicieusement onirique de Suji Park. Elle revient cette fois-ci pour nous présenter une nouvelle série composée de six clichés, Exclamation, basée sur le poème « Voyelles » de Rimbaud.
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A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:

© Suji Park Photography
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Dans un monde de brume, de sang et d’ombre, Suji laisse naviguer des petits bateaux de papier sous des rayons étincelants et gesticuler des insectes, pareils à des morsures fraîches sur les carnations de porcelaine.
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A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

© Suji Park Photography
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Bien qu’inspiré du poème, l’ensemble des photographies qu’elle nous propose n’a rien d’une simple illustration ; la jeune femme ne cherche pas à mettre les mots en image, mais plutôt à concrétiser ce qu’elle en retire : des sons, des odeurs, des sensations. Le cadrage découpe les corps en bribes de membres, les personnages n’ont pas visage, les miroirs pas de reflets – tous nos repères s’en retrouvent troublés.
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Golfes d’ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles;

© Suji Park Photography
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Tantôt inquiétant, tantôt duveteux, l’univers de Exclamation est en parfaite adéquation avec l’esthétique contrastée aux teintes pâles qui caractérise l’œuvre de la photographe.
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I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes;

© Suji Park Photography
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Complètement mise en scène, cohérente stylistiquement comme symboliquement, cette série très aboutie témoigne d’un long travail de réflexion personnelle.
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U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux;

© Suji Park Photography
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Si ces prises réussissent à nous donner des frissons, c’est qu’elles n’ont pas vocation à être belles ; elles ont vocation à être vécues.
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O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des [Mondes et des Anges]:
—O l’Oméga, rayon violet de [Ses] Yeux!

© Suji Park Photography
Suji Park Photography :
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