Lumières et artefacts au Grand Palais
Parce que Velazquez, c’est trop mainstream, on vous parle aujourd’hui de Lumière, exposition présentée au Salon d’Honneur du Grand Palais jusqu’au 14 juin.
L’expo Lumière ! Le cinéma inventé n’est pas un prétexte pour revenir sur le sempiternel débat : frères Lumière inventeurs ou non ? mais plutôt pour rendre hommage au travail absolument foisonnant de la fratrie, à son inventivité et à ses réflexions sur l’art du Cinéma, qui font encore écho aujourd’hui aux maîtres du septième art. Si la présentation n’est pas très grande en surface, on peut y passer un bon moment à s’extasier comme un gamin devant machines et engins, et à se gausser de bon coeur devant les très nombreux films projetés.
Pour ce qui est du parcours, après avoir été accueilli par le fameux Sortie d’Usine, on arrive presque immédiatement à cet espace haut de plafond et un tantinet grandiose, occupé littéralement dans son intégralité, et qui nous plonge dans une ambiance bleutée un peu féérique, un peu artificielle, un peu hors du temps. On y a mis le paquet : reproduction du Salon indien, souvenir de la première projection payante de cinéma, pupitres modernes et transparents pour projeter les innombrables films des frangins, ingénieries en tout genre, déroulé panoramique… Tout y est.
A mes yeux, outre le déploiement qu’on peut qualifier d’impressionnant de sources, la force de la présentation réside en deux points : la démonstration scientifique et didactique de la machinerie du cinématographe, et l’esprit ludique et interactif de l’exposition. En effet, on a vite fait de se prendre pour des grands gamins à faire mumuse avec toutes les petites machines activables par le public qui montrent l’évolution de la photo à l’animation ; parce que le fusil à photo c’est quand même l’invention du millénaire. Et une fois qu’on a compris comment tout ça fonctionne, on peut jouir du plaisir de déambuler au gré de notre envie dans un florilège de films divers et variés : humour, gags, premiers films colorés (« Haha ! Regarde comment c’était trop mal fait ! ») etc. Je vous jure, toute l’audience a sept ans.
Et enfin, peut-être la plus jolie surprise de l’expo, n’est en fait… pas vraiment des frères Lumière. Juste avant la sortie, les commissaires nous proposent un ensemble de remake de Sortie d’Usine, qui donc ouvre et clos notre périple. Quelques réalisateurs contemporains parmi lesquels on peut nommer Almodovar, Dolan, ou Tarantino, se sont essayé à l’exercice de manière assez amusante. Ca va vite, la présentation est un peu embrouillée, mais c’est un joli clin d’oeil de la part de tous ces enfants des Lumière, qui rendent un hommage à la fois drôle et touchant, et surtout inédit, à leur père spirituel.
Le cinéma, c’est de l’art. Lumière ! tente de contourner la difficulté d’exposer dans un musée, une galerie d’art figée, un art qui ne se conçoit qu’en mouvance. Le Grand Palais, à l’exception faite de la tentative de filiation avec la peinture un peu tirée par les cheveux, s’en sort plutôt bien en proposant un parcours didactique et ludique, et en multipliant les interactions avec le public. Petits et grands devraient être aisément conquis.
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Lumière ! Le cinéma inventé au Salon d’honneur du Grand Palais
Du 27 mars au 14 juin
Dim & lun : 10h-20h ; Mer – Sam : 10h-22h
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Twitter : @GrandPalaisRmn #lumierexpo
J’avais hâte de voir l’avis des autres blogueurs sur cette expo que j’ai visité la semaine dernier et qui – avons le- m’a un peu déçue. Trop longue déjà (y’a tellement de vidéo à visionner … et pas de DVD proposé à la sortie) et parfois remplissage : j’ai particulièrement été énervée par cette pratique détestable qui consiste à présenter à plusieurs reprises les mêmes films dans l’expo ! Il y a clairement un problème de structure dans le parcours et le choix des oeuvres.
En revanche j’ai adoré qu’on nous parle des inventions photographiques des Lumières ! L’autochrome quelle merveille ! (mais le trait était un peu grossi, la réalité historique est plus complexe).
Ca m’amuse que vous ayez aimé la dernière section : pour ma part, je l’ai jugé « ‘remplissage brouillon » 🙂
Je suis d’accord avec toi sur le problème de la multiplicité des vidéos ; effectivement, si tu regardes tout, ça devient beaucoup trop lourd. Mais je pense que justement, c’est au spectateur de faire un choix, un peu dicté par le hasard certes, mais ce n’est pas fait pour qu’on regarde tout. Et je n’ai juste pas parlé des goodies, mais là encore je suis de ton avis, c’est un peu maigre.
Par contre pour les court-métrages de fin, j’imagine que c’est une question de goût, j’ai vraiment apprécié, même si bien sûr je comprends qu’on puisse dire que ça soit un peu « à côté ». Mais un peu de fun, ça peut pas faire de mal. 🙂